Hier soir, j'ai lu pour lui. J'ai essayé de faire
Hier soir, j'ai lu pour lui. J'ai essayé de faire passer dans ma voix toutes les émotions de ce livre. J'ai mis l'intonation. Je me suis appliquée à bien articuler. J'ai redécouvert ce livre, l'enfant de Noé, que je voulais lui faire partager. J'ai découvert la musicalité de ces phrases. Et il m'a écouté, les yeux fermés. J'aime penser qu'il était bercé par le son de ma voix, et qu'il imaginait, derrière ses paupières closes, les personnages qui vivaient.
Mais les lettres se sont mises à danser, mon regard à se brouiller. Page 32. Alors on a arrêté.
Je me suis blottie tout contre lui, j'ai senti son corps chaud, à travers mon t-shirt. J'ai senti mon souffle ralentir. Je me suis sentie apaisée. Aimée. Calme. Prête à enfin passer une bonne nuit. Je sombrais. J'étais dans un demi-sommeil, mais j'ai rouvert les yeux, et, sans mes lunettes, je n'ai distingué qu'une ombre dans l'embrasure de la porte. Je l'ai appelé. Il n'arrivait pas à dormir. Alors, au lieu de se retourner dans le lit et pour éviter de me réveiller, il allait dans le salon. Mais j'avais besoin de lui pour retrouver le sommeil. Alors, patient, il est revenu à côté de moi. M'a murmuré des mots d'amour, m'a caressé les cheveux, m'a regardé vérifié qu'il était toujours là. Comme une enfant que l'on borde ou un bébé que l'on berce. J'allais dormir, je l'ai senti partir une nouvelle fois, mais je l'ai laissé s'en aller, j'étais bien. J'aime quand il est là.
Je veux être dans ses bras, je veux sentir son souffle dans mon cou, je veux coller mes pieds froids contre ses cuisses chaudes, je veux qu'il m'aime. Dans tous les sens du terme. Je veux son regard, je veux pouvoir le voir. Je voudrais l'appeler mais je sais qu'il dort déjà, loin de moi.
Alors, je vais le rejoindre, dans mes rêves. Je vais essayer de trouver le bon nuage, la bonne couleur. Je suis déjà à moitié partie. Tout est déjà un peu flou...
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